- Qui es-tu, toi qui marches ainsi?
Je suis le Marchand de rêves. On m'appelait auparavant dans le langage des tout-petits,le Marchand de sable. Je venais fermer les yeux des enfants et j'emplissais leur tête de beaux rêves. Personne ne rêve plus maintenant, personne ne veut rêver.
Ah oui! Vous rêvez mais l'acteur principal, c'est toujours le rêveur.
- Mais, nous tombons dans les contes de fées.
Ah non; J'existe vraiment, tout existe ici, tout vient et tout va, tout finit et tout recommence; c'est ainsi que débute la légende. On m'a toujours pris pour un Être irréel, comme un petit bonbon qu'on donne aux enfants afin de les persuader, pour qu'ils puissent dormir.
Le Marchand de sable vient, endort les enfants et les fait rêver. Il les fait rêver de ces mondes merveilleux qui écharpent aux adultes. Ces mondes où tout est volage, tout est éphémère, tout est en perpétuel recommencement, où tout vient, tout va, tout finit et où tout recommence.
- Le Marchand de sable! Vous me faites sourire; je ne crois pas en vous.
Les gens sont comme ça; ils croient quand ils peuvent voir. Et pourtant, tout ce qu'ils voient est faux, car ils ne regardent pas de la bonne façon.
- Non, je ne peux pas m'attarder ainsi. Le monde des rêves, des fées et des petits lutins ne m’intéresse pas.
Tu as tort. Ici, c'est l'Enseignement primaire de la Vie que tu trouves. Regarde autour de toi. La feuille qui bourgeonne est aussi importante aux yeux du Vieillard que toi tu peux l'être. Tu ne lui attaches pas d'importance, tu penses qu'on est obligé de tout te donner, de te nourrir, de te porter; ce n'est pas notre rôle.
Tu n'es pas plus important aux yeux du Vieillard que la fleur qui pousse ou que le vent qui chante. Tu n'es que matière animée de Vie et tout ce qui est Vie est Vieillard.
Nie tes rêves et tu ne verras plus.
- Mais rêver est une fonction normale pour le corps pensant.
Ne crois-tu pas que la feuille qui est attachée à l'arbre ne rêve pas aussi?
Elle rêve qu'elle portera en elle la semence et qu'elle deviendra à son tour un arbre fort, plein de vie.
Les rêves sont faits pour permettre aux hommes de prendre connaissance de ces mondes si merveilleux qui échappent aux plus communs des mortels.
Ils ne veulent pas croire, mais j'existe; je suis plus réel que toi, plus réel que tout ce que tu peux voir autour de toi.
- Je vais aller plus haut. Je ne veux pas rester ici.
Alors va-t'en; fais comme les autres, cherche la Vérité. Mais avant, je voudrais te dire ceci: La Vérité réside toujours dans les choses les plus simples, les moins compliquées, les choses que tu touches à chaque instant de chaque jour. Ces choses te deviennent tellement habituelles que tu en perds la notion. Ce sont ces choses qui permettent à celui qui cherche de franchir la porte, ou de trouver la vraie Voie.
- Ah vous: Vous théorisez beaucoup plus que nous ici. Il est difficile de croire qu'il existe d'autres mondes plus vivants, plus réels que nous-mêmes.
Tu crois que ta vie est réelle. Ah! les hommes: Comment les comprendre?
- Je vais aller vers le Vieillard. Allons. Où es-tu Vieillard? Où es-tu? Vieillard, où es-tu?
Ah non, non, non, non: Retourne vers la Terre. Retourne vers la Terre. Nous appelons les gens quand nous voulons les voir, mais ce soir nous n'appelons personne.
Retournez, retournez vers la Terre.
Retournez, retournez vers la Terre.
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